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Maman
 
Fernande Bertin était née le 2 février 1911 à Soulignac petite commune rurale située à 40 km au sud de Bordeaux, dans l’Entre-deux-mers.
Mes ancêtres maternels sont issus de ce secteur. Tous, sauf un, mon arrière-grand-père qui était belge.
Mes grands-parents ont eu 7 enfants, dont un mort à cinq jours.
Maman était la dernière de la fratrie.
 
Après son décès, je me procurais son extrait de naissance, et je vis la mention « née au lieu de la Jouissière ».
        
 
Je demandais des renseignements à ma cousine qui habitait depuis longtemps à Soulignac.
-     « oui, me dit-elle, je connais. C’est là que son nés nos parents, mon père et ta mère ».
Nous venions souvent à Soulignac, alors pourquoi ma mère ne m’a jamais emmenée sur les lieux de sa naissance ?
Par une après-midi d’hiver nous nous sommes rendues, ma cousine et moi au domaine, situé à 4 km du village, détail important pour le récit.
Le château était fermé et le panneau à l’entrée indiquait « la Joussière ». Après des recherches c’est l’officier d’état civil qui avait ajouté  de sa belle écriture un i, involontairement sans doute.

Quelle émotion en essayant de deviner dans quelle partie avait vécu nos grands-parents. Ils n’étaient pas propriétaires mais simplement domestiques et devaient vivre dans les communs.
Mon oncle Marc, le petit Edouard, mort à cinq jours, et maman étaient nés là.
Je me rendais mieux compte de la distance que les enfants devaient parcourir pour aller à l’école. Quatre kilomètres qu’il fallait effectuer deux fois par jour et par tous les temps. Maman disait que pour le repas de midi elle n’avait pas grand-chose à manger : une sardine, un bout de pain, un fruit. Cela paraît incroyable. Que faisaient les propriétaires du château pour aider ces enfants ?
La vie scolaire de ma mère dépendait de son frère. Il était hors de question qu’elle parcoure seule tous ces kilomètres pour se rendre à l’école. Cependant Marc grandissait et devint utile aux travaux des champs. Durant ces périodes ma mère n’allait pas à l’école. Elle n’a pas pu passer le certificat d’études.
C’est avec beaucoup de volonté qu’elle a progressé, seule, dans son éducation.
Très tôt et sans diplôme le frère et la sœur se sont « placés » dans des propriétés où le travail ne manquait pas.
Mon oncle Marc est resté proche de la terre cependant que ma mère préférait les travaux ménagers.
Liés par leur enfance malheureuse le frère et la sœur resteront très proches toute leur vie.
Dans ma famille maternelle il y avait et il y a les bruns à la chevelure et la peau très foncées et les blonds aux yeux clairs, sans doute à cause de cet ancêtre belge blond aux yeux bleus. On ne connaît pas la raison de son arrivée dans le village. Il ne passait pas inaperçu c’est ce que racontait maman.
 
Ma mère était très brune de peau et avait les cheveux très noirs.  Ses camarades l’appelaient « la noiraude ».
Mon père avait le teint mat et des yeux marron très rieurs.
Lorsque j’eus quatre ou cinq ans je demandais à ma mère si j’étais bien leur fille. En me regardant dans la glace j’avais bien remarqué l’étrangeté de mon physique. J’étais blonde aux yeux bleus (mes yeux sont devenus verts ensuite).
C’est là que j’appris que mon arrière-grand-père belge était blond aux yeux bleus et que ma grand-mère paternelle Sophie avait elle aussi les yeux bleus.
Sans rapport avec cette particularité génétique, il y avait et il y a dans notre famille maternelle « les taiseux » et les « extravertis ».
 
Mon oncle Marc et ma mère faisaient partie de la première catégorie. On parle peu ou pas la plupart du temps. Mais quand on parle les mots portent. Ils tombent justes, au moment opportun. Cela pouvait être plaisant mais cela pouvait faire très mal car ces mots étaient prononcés avec une maîtrise de soi parfaite.
 
Je n’avais pas avec ma mère de complicité ni d’effusions chaleureuses. Cependant elle était très attentionnée et prévenante pour tout ce qui concernait mon bien-être mais toujours avec une distance.
Fine et élégante, elle attachait beaucoup d’importance à sa tenue.

Elle avait appris à coudre et confectionnait des vêtements simples pour elle et moi. Pour les évènements ou pour le dimanche elle m’emmenait rue Bouffard à Bordeaux. Une couturière officiait dans une toute petite boutique. Elle faisait des merveilles car non seulement elle confectionnait des robes ou des manteaux mais elle était brodeuse : nids d’abeilles, point de bourdons, broderies en tous genres donnaient de la personnalité aux vêtements.
Pour les chaussures c’étaient immanquablement en haut du cours Alsace Lorraine, proche de la cathédrale. Un magasin qui a appartenu à la même famille pendant plusieurs générations et dont j’ai oublié le nom.
 
           Cours de l’Intendance
 
 
Dans les années d’après-guerre il était difficile de se procurer des matières premières.
Nos mères tricotaient des gilets avec des restes de laine et des chaussettes grises pour « tous les jours » …
Sur les photos de classe on peut se rendre compte de la pauvreté de nos tenues vestimentaires.
   5° en partant de la gauche 1945
 
                                                       
Mes parents ont formé un couple uni et complémentaire. La vivacité et la curiosité sans cesse en éveil de mon père l’emmenaient dans des aventures auxquelles ma mère n’a pas toujours adhérées, j’en ai été quelques fois témoin.
Il était la fantaisie et l’action, elle était la sagesse et la réflexion.
Car l’aventure ne s’arrête pas là, nous sommes en 1950 et nous allons connaître encore bien des changements.
 
                                                                      A suivre …
 
 


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