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Ma NAISSANCE
 
Bordeaux, 1° juillet 1940 l’horloge passe à l’heure allemande. Les allemands occupent la ville. Bordeaux devient zone occupée.
Dans le port les bateaux cèdent la place aux croiseurs et aux sous-marins. Les commerçants ont l’obligation d’accepter la monnaie allemande.
 
C’est l’heure des « avis à la population », des restrictions.
 
Les boucheries doivent fermer du mercredi au vendredi, les charcuteries du jeudi au vendredi etc …
Puis le couvre-feu de 23h30 à 3 h du matin. Toute personne circulant sans autorisation risquait la mort.
 
Maurice Papon devient préfet de la Gironde…
 
C’est en 1941 que ma mère tombe une première fois enceinte. Hélas elle fait une grossesse extra-utérine. Le médecin qui la suit lui dira « pour votre prochaine grossesse il faudra accoucher en clinique ».
 
Au printemps 1943 alors que la date de la délivrance approchait la situation devint compliquée. Il avait été convenu, à cause du couvre-feu, que ma mère se rendrait tous les soirs à la clinique en attendant ma naissance. C’est ainsi que pendant huit jours elle fit le trajet jusqu’à la clinique Bel Air  à Caudéran, sur la rive gauche de Bordeaux, partant le soir après la fermeture du magasin et revenant au matin pour reprendre son travail.
 
J’imagine les clients qui devaient dire « alors ? ». Je décidais enfin de pointer mon nez au petit matin du 8 avril.
 
Surpris d’avoir une fille le prénom n’avait pas été choisi, contrairement au garçon qui se serait appelé Maurice. Ma mère disait qu’elle ne l’aurait surtout pas appelé Michel car notre voisine hurlait ce nom à longueur de journée pour appeler son fils qui de toute évidence ne répondait jamais.
 
Colette fut choisie sur le calendrier des PTT.
 
Quelques jours plus tard nous rentrâmes à la maison, maman et moi et la vie reprit son cours, un peu plus compliquée pour ma mère qui devait s’occuper de moi en plus de son travail.
 
Mais j’étais une enfant facile. La journée on m’installait dans le landau dans la salle à manger et ainsi toutes portes ouvertes mes parents pouvaient me surveiller. Les clients passaient voir ma frimousse et s’extasiait sur ma sagesse.
 
Plus tard, mes parents installèrent un parc et ce fut le même manège. Les clients faisaient leurs courses dans l’épicerie et venaient me dire bonjour.
 
Si la guerre n’avait pas été présente à chaque instant on aurait pu croire à une vie heureuse et paisible.
 
Mais dans l’épicerie les denrées se faisaient de plus en plus rares. Mes parents disaient que les gens mangeaient n’importe quoi par faim.
 
Pourtant un mois après ma naissance je fus baptisée en l’église St Martin de notre village.
 
Une fête fut organisée avec les pauvres moyens du bord. La famille proche fut invitée ainsi que quelques amis. Des petits pois au menu, une volaille apportée de la campagne par mon oncle, un peu de vin et un gâteau sans beurre réalisé par mon père. Une fête tout de même qui se passa dans notre salle à manger. Une bulle joyeuse pour oublier l’horreur des journées qui allaient suivre.
 
Au printemps 44 des bombardements ont eu lieu au-dessus de la base sous-marine dont nous étions très proches. Il y eu une rumeur disant que la base allait être totalement détruite. Les autorités ont demandé à la population d’éloigner femmes et enfants autant que possible.
 
En 1936, lorsque mes parents arrivèrent à Lormont ils firent connaissance avec Monette et Albert qui venaient d’ouvrir une boucherie dans la rue du port, aujourd’hui rue du Général de Gaulle. Les parents de Monette habitaient Sadirac une petite commune située à 18 km, dans la campagne.
 
C’est là que nous avons vécu plusieurs mois Monette, son fils Jean-Claude de cinq ans mon ainé, ma mère et moi.
 
La Villa Monette était minuscule, quatre pièces et aucune commodité. Son pignon pointu lui donnait un air de maison de plage. Dans le petit jardin entouré de buis deux tilleuls se tenaient face à face et laissaient sortir leurs racines comme le monstre du Loch ness. J’ai appris à marcher à cette époque et j’en ai eu bien du mérite car les chutes étaient nombreuses.
 
Mon père et Albert venaient nous rendre visite le dimanche à vélo avec dans les sacoches quelques provisions.
 
Nous retournâmes enfin à Lormont et ma vie de petite fille changea puisque campée sur mes deux petites jambes je pouvais évoluer dans un formidable terrain de jeu : L’épicerie.
 
                                                                    A suivre …
Propriétaire : C. Bros-Rouquette  Support Technique J-P Perrault

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