Lacaneau L'Océan 1945 - Site L'Atelier de Colette

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Lacanau océan 1945

Mes parents venaient d’acheter cette petite maison de vacances au bord de l’océan.  Mr.et Mme Gaudin, les anciens propriétaires étaient nos voisins à Lormont. Ils me gardaient quelques fois lorsque mes parents étaient trop occupés par leur travail à l’épicerie.
Cette maison était toute petite. Quatre pièces séparées par un couloir : 3 chambres et une salle à manger. Ce que j’aimais beaucoup c’était les coquillages incrustés sur le petit mur de clôture.
Dans le terrain que l’on nommait pompeusement « jardin » mais qui n’était en réalité qu’un terrain de sable, trônait une fontaine en fonte nous fournissant de l’eau et tout au fond la cabane d’aisance.
Aucun confort si ce n’était une toute petite pièce donnant sur la véranda et qui servait de cuisine avec un petit évier et un réchaud à gaz.
Tout était petit dans cette maison et pourtant à l’extérieur nous bénéficiions de l’immensité des dunes.
Pour aller au bord de l’océan, nous mettions des chaussures et marchions d’un pas rapide pour atteindre les planches et accéder ainsi à la plage par un escalier en bois.
Maman avait peur de l’eau, je n’ai jamais pu apprendre à nager. Je me contentais de faire des pâtés de sable et ramasser des coquillages. Mon père se prêtait volontiers à la coutume de s’allonger dans un trou que nous avions creusé ma mère et moi avec ma petite pelle. Nous recouvrions ensuite vivement mon père d’un gros monticule de sable laissant la tête dépasser. Il y avait ainsi sur l’immense plage des têtes de pères, de mères ou d’enfants qui riaient de bon cœur pour aller ensuite se jeter dans l’eau.
Nous avons passé là des moments de bonheur, de liberté, entourés presque toujours d’amis ou de parents.
Un été, mon cousin Francis était venu passer quelques jours. Mon père nous avait munis de petites tringles en fer et nous sommes partis dans les dunes à la chasse au lapin. Ils étaient nombreux et papa avait dit que nous ferions un repas succulent. Les lapins courraient plus vite que nous, heureusement pour eux.
A deux pas de chez nous il y avait un bar-épicerie où maman s’approvisionnait régulièrement. Un jour, lui demandant de ses nouvelles, la patronne nous dit « j’ai perdu mon mari ». Elle avait l’air très triste en disant cela et je partageais sa peine car moi aussi j’avais perdu quelques jours auparavant les jolies chaussures de ma poupée.
Un petit train reliait Bordeaux à Lacanau. Papa disait qu’il roulait si lentement qu’un jour l’ayant pris il put descendre pour se soulager d’une envie pressante et remonter sans aucun problème. J’étais sûre que mon père avait accompli un exploit extraordinaire.

Quelques fois, en revenant de l’océan, nous empruntions la grande avenue où se tenaient les cafés et une boutique d’accessoires de plage. Nous mangions des glaces et maman m’achetait un petit moulin à vent de couleur. Je le tenais fièrement par le bâton et s’il n’y avait pas de vent je soufflais de toutes mes forces pour le voir tourner.
Encore aujourd’hui j’ai le souvenir ému de toutes ces joies simples que j’ai partagées avec mes parents et lorsque je revois ces petits moulins le sourire me vient aux lèvres.

La villa a été vendue en 1954 lorsque nous sommes partis pour l’Ariège.

Il y a une quinzaine d’année, alors que nous étions chez des amis sur le bassin d’Arcachon par une journée particulièrement morose, l’idée vint à Pierrot d’aller à Lacanau voir si la villa existait toujours. N’étant jamais retournée sur les lieux, une petite voix intérieure me disait « n’y va pas ». Mais trop tard nous étions déjà dans la voiture.
Pierrot et Thérèse avaient passé leur voyage de noces à Lacanau dans notre villa en 1950. Eux non plus n’étaient jamais retournés sur les lieux.
Après quelques hésitations et de difficiles repaires, nous l’avons vue. Toujours si petite, intacte malgré les années passées et si courageuse au milieu de son environnement bouleversé par le progrès. Plus de dunes, plus de petit bois de pins, plus de bar-épicerie. A la place un immeuble-hôtel, des routes, du béton … elle semblait me dire : « tu vois je suis toujours là ».

Propriétaire : C. Bros-Rouquette  Support Technique J-P Perrault

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