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L’EPICERIE  « L’AQUITAINE »
 
Dans les années 1930 mes parents travaillaient dans une boulangerie située sous les arcades de la jolie ville moyenâgeuse de Créon à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux, dans l’Entre-Deux mer, berceau de ma famille maternelle.
Ma mère avait dû être séduite par ce garçon énergique, jovial et charmeur, venu de l’Aveyron sa terre natale ; mon père, par cette jolie jeune fille sérieuse, réservée et un brin timide.
Elle assurait la vente au magasin, le ménage et la cuisine, lui faisait le pain et les livraisons.
Il y avait deux autres employés une jeune femme et un jeune homme.
Mes parents racontaient que leur vie était dure. Levés très tôt le matin, couchés très tard le soir et sous la direction de patrons particulièrement pingres. Tout ce petit monde vivait sur place mal logés et peu nourris. Il était interdit de manger les viennoiseries fraîches, le dimanche un poulet pour six ne suffisait pas à nourrir ces jeunes employés. Mon père disait qu’il avait eu de la chance parce qu’au cours des livraisons les clients le trouvant un peu trop maigre le nourrissaient, une tranche de saucisson par-ci, un morceau de fromage par là…
En 1935 mes parents décidèrent de se marier. Le 5 septembre à la mairie avec 2 témoins qui n’étaient autres que leurs collègues de travail et le 7 à l’église. Pourquoi pas le 6 ? Parce que les patrons ne leur avaient pas donné de congés.
Le dimanche suivant après le travail ils firent leur voyage de noces. Une promenade à vélo d’environ 25 km pour aller rendre visite au frère de maman et son épouse.
Les jeunes mariés s’installèrent dans une chambre très sommaire au premier étage au-dessus du magasin. Un jour le patron (plus tard mon père dira c’est un c..) entra dans la pièce et changea l’ampoule du plafonnier pour une autre dont l’intensité était plus faible. Trop, c’était trop !
Mes parents décidèrent de partir et grâce à une petite annonce dans le journal ils furent employés comme gérants d’une épicerie à l’enseigne « l’Aquitaine ».

  
 Maman 2° à droite devant la boulangerie      Mes parents dans les rues de Bordeaux


C’est en 1936 qu’ils prirent leur fonction au n° 2 de la rue de la république à Lormont alors jolie petite ville de trois mille habitants sur la rive droite de Bordeaux.
Le magasin se situait dans la partie haute de la ville, la partie basse côtoyait le fleuve.
Ils avaient emmené avec eux leurs seuls biens : leurs vélos et un matelas.
Avec leurs maigres économies mon père acheta une voiture utilitaire. Il fallait aller au marché des Capucins tous les matins très tôt pour acheter les produits frais.
L’habitation était sommaire. A l’intérieur du magasin une porte donnait dans le couloir, en le traversant on accédait à une petite cuisine dont le seul meuble était un évier en pierre. En suivant une grande pièce qui plus tard servira de salle à manger. En suivant une grande réserve où trônait un lavoir en pierre.
Le couloir donnait dans un petit jardin où se trouvaient les cabinets d’aisance.
Par un escalier en pierre on arrivait à l’étage où se trouvaient deux chambres dont les fenêtres donnaient sur la rue.
Au deuxième étage la Ste l’Aquitaine louait un appartement de fonction à la Gendarmerie.
Mes parents étaient de durs travailleurs et leur aventure commença. Ils se firent des amis de leur âge qui souvent avaient des commerces comme eux et puis il y avait la famille maternelle. Ils étaient heureux et joyeux jusqu’en 1939.

Photo prise dans les années 56 / 58
En ce début de 1939 maman contracta la mastoïdite. L’opération chirurgicale lui avait laissé un trou derrière l’oreille. Pendant un an elle se rendit tous les jours à la clinique Bel air à Caudéran de l’autre côté du fleuve pour les soins.
Elle gardera un traumatisme de cette période. Elle cachait pudiquement ce trou disgracieux derrière des mèches de cheveux qu’elle avait épais. Je serai la seule, à part mon père, à toucher ce point sensible. Elle m’autorisait même à mettre mon petit doigt à l’intérieur.
A la déclaration de la guerre, mon père fut mobilisé comme beaucoup et il fallut prendre des décisions importantes pour le travail au magasin.
Mes parents avaient acquis une voiture de loisir et c’est sur ce véhicule que ma mère passa son permis de conduire. C’est elle désormais qui irait au marché le matin. Le frère ainé de mon père qui venait d’être veuf et avait un garçon d’une dizaine d’années vint prêter main forte.
La peur, les privations prirent place dans la vie de mes jeunes parents (comme pour l’ensemble de la population), génération qui était née au début de la Grande Guerre.

                                                                                A suivre …


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