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Avoir 17 ans en 1960

Ce jour-là, comme tous les jours, je rentrais du lycée pour le repas du midi.
Ce n’était pas un jour comme les autres car depuis 2 heures du matin, heure de ma naissance, je venais d’avoir 17 ans.
Dès mon arrivée mon père me désigna la salle à manger. Sur la table, mon cadeau, un tourne-disque « Teppaz ».
Je contemplais avec bonheur cet objet de toutes les convoitises de ma génération.
Je savais que je ne méritais pas trop un tel présent parce que mes notes ne correspondaient pas à l’attente de mes parents.
Mon travail était en dents de scie et fluctuait selon les professeurs et les matières.
Maman faisait un peu la moue mais avait dû céder devant le désir de papa.
Le soir même je m’empressais d’écouter le peu de 45 tours que je possédais et que j’avais acquis difficilement grâce à quelques économies : Dalida (itsi bitsi petit bikini) les Compagnons de la chanson, Marcel Amont (blanc, blanc, le ciel de Provence), Charles Aznavour …

                                          
           
Depuis peu il y avait un drôle d’engin dans un café rue de la république. L’arrière salle donnait sur la place de l’Eglise du Camp. Ainsi après avoir « pêché » dans un lieu de perdition on pouvait aller directement à confesse.

Cette extraordinaire machine s’appelait un « jukebox ». Elle contenait une collection de 45 tours. Après avoir introduit une pièce de monnaie dans une fente on choisissait un morceau en tapant sur une touche et hop comme par magie un bras articulé allait chercher le disque pour le placer sur la platine et on écoutait avec ravissement la musique de son choix.
J’ai un souvenir ému d’avoir découvert « les Platters ». Leur titre phare « only you » nous a fait danser sur des slows à nous damner.
Mais aussi Ray Charles et tous les tubes du moment.
Nous avons été biberonnés aux musiques américaines, rock ou jazz, aux crooners comme Dean Martin, Bing Crosby, Tony Bennett, Nat King Cole et l’incontournable Franck Sinatra. Ce dernier nous faisait doublement rêver car il avait été marié à la très belle et célèbre Ava Gardner.  

                                      
                                                 Affiche originale -  collection personnelle


On disait qu’un certain Elvis Presley déchaînait les foules, que les filles pleuraient, s’arrachaient les cheveux, s’évanouissaient pendant ses concerts.
Quelques années plus tard le mythique Olympia connaîtra la même euphorie aux concerts de Gilbert Bécaud et de Johnny Halliday.
 
Je rêvais d’aller découvrir ces grands espaces qui me  subjuguaient en regardant les  westerns mais aussi de découvrir Hollywood cette pépinière des plus beaux acteurs du monde.

Je ne savais pas alors que bien des années plus tard je découvrirai, à titre privé, ces paysages tant convoités. Je foulerai plus d’une fois le décor naturel du film « Johnny guitare » et « des Cheyennes », je dormirai et pique-niquerai aux pieds des immenses rochers de « Monument Valley », je fêterai un nouvel an à San Francisco, la ville de « Bullitt » et de « Mme Doubtfire », j’emprunterai la célèbre côte ouest « Big sur » qui va de San Francisco à Los Angeles. Je m’arrêterai dans la forêt de séquoias tout près de la maison d’Henri Miller qui y vécut dans le total dénuement. Je verrai le Grand Canyon sous la neige ou sous la chaleur, je le survolerai en avion. Je voguerai sur l’immense lac Powell.
Je marcherai entre ombre et lumière dans « Pénélope canyon » ce dédale mystérieux de sable pétrifié.
Je partagerai la vie des habitants dans différents quartiers   de Los Angeles, ville tentaculaire où la voiture est indispensable pour faire ses courses, emprunter les immenses boulevards et autoroutes qui traversent la ville, visiter tous les musées, tous les sites.
J’y passerai des fêtes de fin d’année où les maisons se couvrent de lumière. Féerique !

J’y découvrirai ce pays aux dimensions démesurées car tout y est grand, les distances, les paysages, les véhicules, les objets usuels, les portions de nourriture. Tout, tout est grand.
Je découvrirai l’Arizona et ses roches rouges. Je dialoguerai avec un Navajo qui me racontera sa naissance et sa vie dans son tipi construit en bois de juniper.
J’irai à la rencontre des baleines à San José…
Et puis New-York …

J’y découvrirai une petite partie de ce pays, ses coutumes, ses bons et mauvais côtés. J’y combattrai mes idées reçues.

 
Beaucoup de souvenirs …
(visionner mes diaporamas sur mes nombreux séjours)

                                 
       Monument valley                         Big Sur                              Tipi Navajo
 
                      
                                  
    Sédona (Arizona)                      Johnny guitare                           les Cheyennes

                                                  ***************
 

Mais revenons à mon anniversaire. Le lendemain maman m’emmena à la bijouterie LAFONT qui deviendra TROUCHE par le mariage de leur fille, rue Gabriel Péri, et m’acheta une jolie petite bague en or surmontée d’une topaze.

                                           
                                     

Tous ces cadeaux merveilleux à l’occasion de mon anniversaire étaient les premiers de mon existence. Traditionnellement j’avais droit au gâteau et ses bougies et rien d’autre. Peut-être avais-je atteint l’âge des cadeaux importants ?
Mais pourquoi faut-il trouver une raison en toutes choses ?

Six ans s’étaient passés depuis notre arrivée dans cette belle Ariège et notre intégration était acquise. Je connaissais de plus en plus de jeunes de mon âge et grâce au cinéma j’étais devenue « la fille du Rex ».
Tout en contrôlant mes sorties mes parents me donnaient un peu de liberté. Les fêtes, les bals, les épreuves sportives, quelques « boum », le cinéma et bien sûr la vie dans nos quartiers constituaient l’essentiel de nos rencontres.
Je devenais « une jeune fille » comme on disait dans ma famille lorsqu’ils ne m’avaient pas revue depuis longtemps.
Mais devenir une jeune fille était compliqué, il fallait braver beaucoup d’interdits.
Alors que depuis ma naissance j’avais acquis une liberté sans condition, tout à coup mes parents apposaient sur moi beaucoup de règles que j’essayais de franchir, bien timidement.
Je n’avais pas le droit de me maquiller. Je trouvais des subterfuges. Avec un petit pinceau adéquat je passais de la vaseline sur mes cils pour les rendre plus visibles. Bien sûr avec parcimonie  pour ne pas qu’ils collent entre eux, une vraie galère. Aux beaux jours avec les copines on faisait du café ou du thé très fort. Une fois refroidi on badigeonnait nos jambes avec ce liquide pour qu’elles paraissent bronzées. Ou alors, avant d’avoir l’autorisation de mettre des bas, à l’aide d’un stylo noir on dessinait très délicatement la couture d’un faux bas.
L’illusion ne trompait personne.
Je me passais en cachette sur le visage la poudre de riz de maman. C’est le seul artifice qu’elle utilisa toute sa vie ainsi que le rouge « baiser » et un vernis à ongle rose, toujours rose.
Cela ne l’avait pas empêché d’avoir une jolie peau et sans trop de rides.

J’étais pleine de complexes : trop petite, trop potelée, trop, tout était trop ou pas assez. Lorsque je revois les photos de l’époque cela me fait sourire.

J’avais quelques prétendants qui voulaient « sortir » avec moi.
Mais attention, quand je dis « sortir » il faut se reporter à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent même pas imaginer que cela pût exister.

Un jour, une camarade de classe me tendit un billet de la part de son frère. C’était très important d’avoir des copines qui avaient un frère. Ce billet disait « veux-tu sortir avec moi ? ». Je répondis « oui » et le message fut transmis.

Le lendemain matin je guettais le passage de mon galant. Je ralentissais le pas afin que nous nous croisions sur nos trottoirs respectifs en montant vers nos lycées.
Mon cœur battait la chamade.
Il me fit un sourire, je fis de même … et ce fut tout.
Notre aventure s’arrêta là. Je le rencontrais quelques fois chez lui en allant rendre visite à sa sœur. Nous nous disions bonjour furtivement. C’était un excellent élève qui fit de brillantes études, j’ai supposé que c’était une barrière entre nous mais comment savoir !

Il y avait aussi des prétendants qui voulaient profiter d’une séance de cinéma gratuite mais il fallait trouver des astuces pour franchir le barrage de mes parents et le « qu’en dira-t-on » était redoutable. Ils auraient vite su que je m’étais assise auprès d’un garçon dans une attitude peu conforme à mon habitude.

L’année suivante, le Théâtre Municipal afficha « les Tricheurs » film interdit aux moins de 18 ans.
Cela tombait bien, je venais de les avoir.
Une autre camarade, qui elle aussi avait un frère, me dit en aparté pendant la récréation. « Mon frère veut sortir avec toi ». Je dis oui car il me plaisait bien. Et par sœur interposée nous décidions d’aller au cinéma voir « les Tricheurs ».
Mes parents ne voulaient pas que j’aille dans les cinémas de la concurrence, ils n’en voyaient pas l’utilité.
Nous avons convenu d’un rendez-vous devant le Théâtre Municipal et nous avons pris nos billets, chacun de notre côté, lui à la caisse de gauche, et moi à la caisse de droite.
Nous nous sommes retrouvés au balcon et dans le noir nous nous sommes assis l’un à côté de l’autre.
Nous avons échangé un baiser totalement chaste et notre histoire s’arrêta là.
Je me souviens, par contre, parfaitement de ce film au parfum sulfureux qui remua nos esprits et nos sens.

Nous n’avions pas de conversations intimes entre filles. Certaines disaient qu’une telle « avait la cuisse légère » et d’autres disaient « de toutes façons les garçons veulent tous la même chose ». Oui d’accord mais c’était quoi cette chose ?
Dans les conversations d’adultes on entendait également des propos qui se chuchotaient à propos d’une telle ou d’une telle « c’est une fille de mauvaise vie » ou « c’est une Marie couche-toi là ».  
Mais c’est quoi la mauvaise vie ? Et est-ce que toutes les Marie se couchent là, mais où ?
Il n’était pas envisageable de poser des questions sur ces sujets brulants.
Beaucoup, beaucoup de mystère.

Et puis soudain il y eut un bouleversement, que dis-je, une révolution : des garçons, des terminales, des maths-élem, allaient venir en cours chez nous les filles.
Depuis la maternelle nous n’avions jamais été en classe avec des garçons. C’est dire que nos cœurs de jeunes filles furent en émoi.
Au matin de la rentrée 1960 cinq ou six garçons habillés de blouse grise franchirent le porche du lycée et entrèrent dans la cour d’honneur. Nous les observâmes avidement tout en essayant de rester discrètes.
Parmi eux, un garçon dominait le groupe par sa beauté, son élégance, sa classe naturelle. Il portait sa blouse négligemment ouverte. Je fus conquise.
J’avais conscience que ce garçon ne pouvait pas s’intéressait à moi. J’appris qu’il se prénommait François.
A partir de là je le « traquais ». Nos horaires ne correspondaient pas alors je demandais à une copine de sa classe de me fournir son emploi du temps.
Je courrais comme une folle à travers les couloirs, au risque d’attraper quelques heures de colle, pour passer comme indifférente pas très loin de François, juste pour le plaisir de l’apercevoir mais que lui surtout ne me voit pas. Je prenais ma dose de bonheur. J’étais complètement ridicule mais je n’en avais pas conscience.
Mon petit manège n’avait pas dû passer inaperçu. Mais qui peut comprendre le cœur fragile et innocent d’une jeune fille de 17 ans en 1960 ?
Les mois passaient et l’indifférence de François à mon égard était constante.
Notre professeur d’histoire-géo nous fit un cours sur une éclipse totale du soleil qui aurait lieu en février 61.
« Nous nous rendrons sur le sommet de Viccaria, nous dit-elle, il faudra vous munir d’un morceau de verre épais et fumé ou de lunettes de soleil très protectrices.
Elle ajouta : « la classe de maths-élem nous accompagnera ».
Mon cœur se mit à battre. (Je serai près de François pendant quelques heures).
A 9 h du matin ce 15 février 1961 nous étions sur la colline qui dominait Pamiers.

                                          
                          Moi, manteau blanc, face à l’objectif, François à droite agite son bras

L’année scolaire se termina. François partait à l’université de Toulouse faire des études de médecine. Je rentrerai en première. Je ne devais donc pas le revoir.

Mais voilà qu’en ce dernier week-end du mois d’août 1961 la fête de Pamiers battait son plein. (Je consacrerai un récit sur ces fabuleuses années).
C’était le dimanche soir sur le plateau du Castella. L’orchestre de Georges Jouvin et sa célèbre trompette d’or placé sur un podium au centre de l’esplanade entama « petite fleur » de Sidney Bechet.
Je vis alors apparaître, comme dans un rêve, devant moi, le François de tous mes fantasmes. Nous étions « endimanchés », moi en robe de coton blanc, manches raglans (pour les connaisseurs), cintrée sur ma taille très fine, lui pantalon gris chemise blanche. Mama mia !
Il s’approcha et me demanda gentiment « tu veux danser ? ».
Sans répondre car ma gorge était nouée je me suis laissée emporter. Il me tenait dans ses bras, très correctement, ne m’adressa pas la parole et pendant quelques minutes je flottais dans l’irréel mais tout de même étonnée.
J’avais bien vu quelques sourires amusés sur les lèvres de ses copains groupés au bord de la piste de danse. Il y avait peut-être eu un pari stupide.
Mais je n’en avais cure. A la fin de la danse je dis merci à François en lui offrant mon plus beau sourire et nous nous sommes quittés.

Chaque année, à la fête je le rencontrais. On se disait bonjour d’un petit signe de tête discret.
Il avait une famille, moi aussi. Il était devenu médecin et chirurgien renommé m’a-t-on dit.
Puis un jour, j’appris son décès. Il s’était pendu dans son cabinet.
Quel triste destin !
Depuis notre étrange et délicieuse danse mon cœur se serre en entendant « petite fleur ».
C’était malgré tout un très beau cadeau qu’il m’avait fait sans le savoir.

                                                                  *************

J’avais des amourettes, comme le chantait si bien Lény Escudéro, sans conséquence, bien innocentes, les chagrins d’amour viendront bien plus tard.

Pour une amourette
Qui passait par là
J’ai perdu la tête
Et puis me voilà
Pour une amourette
Qui se posait là
Pour une amourette
Qui m’tendait les bras
Pour une amourette
Qui me disait viens
J’ai cru qu’une fête
Dansait dans mes mains
Pour une amourette
Qui me faisait du bonheur
J’ai fui la planète
Pour la suivre ailleur
 ………
Tu aimeras encore
A la belle saison
Une petite Amourette
N’est jamais trop jolie
Quand on sait d’avance
Ce que dure la vie.

                                                                   ********

Mais revenons à l’année de mes 17 ans.
En cet été 1960 nous allions faire un grand voyage dans le sud de la France dont le but était d’arriver à Sospel petite ville située à 20 km au nord de Menton.
Papa nous montra sur la carte routière l’endroit de destination, vraiment très loin de chez nous.
Une « DS » couleur chocolat comme celle du Général de Gaulle avait remplacé la bruyante Dyna Panhard.
Les valises étaient dans le coffre, je m’installais confortablement à l’arrière de la voiture sur les coussins moelleux et l’aventure commença.
Passer des vacances avec mes parents me m’enchantait pas plus que ça mais avec le recul je garde le souvenir magnifique de ces journées passées tous les trois à la rencontre de ces lieux de découverte et les explications toujours enrichissantes de mon père qui était inconditionnellement curieux de tout.

Mais pourquoi Sospel ? Avais-je demandé à mon père.
« Parce que j’y ai fait « mon active » dit-il. J’en ai gardé de bons souvenirs et peut-être pourrais-je revoir des personnes que j’ai connues ».

La première étape fut la cité de Carcassonne. Cette forteresse à double enceinte était imposante mais belle. Nous nous sommes promenés le long des remparts où un guide nous racontait la fabuleuse histoire  de Dame Carcas et du sieur Raimond Roger de Trencavel.
Celui-ci, sympathisant de la cause cathare ne put sauver la cité des troupes sanguinaires menées par Simon de Montfort. Il fut fait prisonnier et mourut dans les basses fosses de la Cité.

J’entendis parler pour la première fois « d’hérésie cathare » dont je ne comprenais pas bien le sens. Pourtant cette épopée était très liée à l’Ariège où l’histoire des cathares se termina sur un bûcher sur les pentes du château de Montségur.
Cette visite m’avait subjuguée parce qu’elle nous transportait dans un monde moyenâgeux dans un décor impressionnant.

L’étape suivante fut sur la plage de Sète.
Je découvrais la méditerranée, cette mer presque fermée qui était si différente de mon fougueux océan natal.
Des cailloux à la place de nos sables si fins et des plages en raccourci.
Papa me dit : « c’est ici qu’est né Georges Brassens, tu sais ce chanteur qui a composé cette chanson que tu fredonnais souvent « Quand Margot dégrafait son corsage pour donner la gougoutte à son chat… ».
Il m’a fallu quelques années pour comprendre le double sens de ces paroles.

Nous avons pique-niqué sur la plage. Mes parents avaient emporté le matériel nécessaire. Une petite table pliante et des petits sièges pliants aussi.
Nous mangions rarement au restaurant. Je compris que les économies avaient été bien calculées car durant tout le séjour les écarts ont été très rares.
Nous dormions dans des hôtels modestes souvent dans la même chambre mais tout cela n’avait pas grande importance.

Notre route continua le long de la côte puis s’enfonça dans les terres. Je me laissais aller dans le confort de cette nouvelle voiture.

C’est ainsi que nous sommes arrivés dans les vignobles de Châteauneuf du Pape. Nous avons dressé notre petite table tout près des ruines de la résidence d’été des papes. Nous étions en Provence.
Mes parents achetèrent deux ou trois bouteilles de ce fameux vin que nous ne connaissions pas, nous, alors les inconditionnels et un peu chauvins des vins de Bordeaux.
Nous traversâmes le Rhône pour arriver sur l’immense place du Palais des Papes.
Il n’y avait pas de problème pour garer la voiture à cette époque et si aujourd’hui la ville d’Avignon a gardé sa superbe elle est souvent débordée par un afflux de touristes.

Nous nous trouvions devant ce Palais imposant. Maman pris des tickets pour la visite. Notre petit groupe accompagné de son guide entra dans la cour d’honneur, nous écoutions avec attention les explications. J’avais bien retenu que Jacques Fournier, évêque de Pamiers, avait été Pape en Avignon sous le nom de Benoît XII.
Nous entrâmes dans une tour carrée et le guide nous expliqua la particularité de ce lieu. Il demanda à deux personnes diamétralement opposées de tenir une courte conversation. Ensuite il demanda à la personne placée au centre de la pièce de répéter les propos. Elle ne put le faire, elle n’avait rien entendu.
Le guide nous expliqua que cette particularité acoustique avait été voulue pour tenir des propos secrets au milieu d’une foule.
Pour ceux qui lisent mes récits avec attention j’ai effectué une visite de ce Palais en compagnie de mes cousins dans les années quatre-vingt-dix. J’avais posé la question sur l’existence de cette tour carrée.
La guide n’en n’avait jamais entendu parler !

                                
                           
Nous descendîmes sur Marseille. Il y avait peu de monde sur les routes tous ces sites n’étaient pas encore envahis de touristes.
En arrivant par le Nord nous avons emprunté cette immense route droite, aujourd’hui autoroute, qui a pour point de mire Notre Dame de la Garde.
Nous nous arrêtâmes à la Joliette pour prendre un rafraîchissement à la terrasse d’un café et réserver une chambre dans un petit hôtel.
Il faisait très chaud. Nous n’avons pas pu fermer l’œil de la nuit. Des housses en plastique de protection avaient été mises sur les matelas. N’en pouvant plus mes parents, au milieu de la nuit, alertèrent la propriétaire et demandèrent fermement d’enlever ces housses.
Après un petit déjeuner solide et copieux qui nous réconciliait quelque peu des désagréments de la nuit nous primes la route du Vieux Port.
Nous avions les yeux grands ouverts d’étonnement en voyant   ce superbe spectacle. Nous n’avions jamais vu autant de bateaux de pêcheurs et de plaisanciers.
Dans les années 80 et pendant sept ans j’habiterai un appartement donnant sur ce magnifique port. Un spectacle permanent face à la panne des pêcheurs, au Théâtre de la Criée (ancienne criée comme son nom l’indique) et au-delà dominant la ville, le regard tourné vers la mer, la Bonne Mère.

La montée vers la basilique était rude. Nous avons emprunté le funiculaire qui montait lentement à flanc de colline. Maman se tenait bien à l’arrière, toujours sujette au vertige et se privant ainsi d’un spectacle éblouissant.
Arrivés tout en haut, en faisant le tour de la basilique on  admirait tout Marseille, deux fois et demi la superficie de Paris, et ses 37 km de côtes.
Le funiculaire devenant peu rentable cessa ses activités, au grand mécontentement des Marseillais, le 11 septembre 1967et fut détruit en 1974.
Aujourd’hui on peut monter en voiture tout en haut et la vue y est toujours aussi fantastique.

Nous n’avions pas pu visiter la ville car il fallait parcourir encore beaucoup de kilomètres pour arriver à Sospel.
Je me rattraperai bien plus tard puisque j’y ai vécu et que je suis encore près d’elle depuis presque quarante ans.
Peut-être aurais-je l’occasion d’écrire sur cette ville passionnante et si belle à qui veut bien la découvrir.

Nous longions la Côte d’Azur. Les paysages changeaient la végétation aussi nous étions éblouis. La réputation qu’avait acquise cette côte n’était pas un vain mot. Des rochers, des criques, de jolis villages perchés, le bleu éblouissant de la méditerranée, les belles villas …la Riviéra
Cela nous ramenait aux films que nous avions vus et qui avaient été tournés dans ce cadre féérique.
Qui l’est beaucoup moins aujourd’hui car trop bétonné mais je me répète.
A Monaco, montée jusqu’au Palais mais déception. Ce jour-là il n’y avait pas de visite. Nous nous sommes contentés de la vue superbe en imaginant la princesse Grace se promenant dans le merveilleux jardin.

Nous avons laissé la côte à Menton pour monter vers la vallée de la Roya si dramatiquement dévastée par les inondations de 2020.
Arrivés à Sospel je me souviens très bien du joli pont à péage datant du XIII° siècle, un des seuls existant en Europe, qui enjambe la Bévéra.
Nous nous sommes installées, maman et moi à la terrasse d’un café et papa est parti à la recherche de ses souvenirs.
Je ne crois pas qu’il ait retrouvé des connaissances mais c’est flou dans ma mémoire.
Il avait dû ressentir une forte émotion en revoyant les lieux où il avait séjourné quelques mois pendant son service militaire il y avait bien longtemp s déjà.

                                                   
                         
                            Papa 2° à gauche                                      Papa dernier rang 2° droite
                                                  Le Mont Agaisen  16 - 12 – 1934

Nous avons continué notre route en traversant cette magnifique vallée de la Roya et ses beaux villages, franchi le col de Tende pour arriver à Cunéo en Italie.

Papa et maman prirent un café qui en réalité était un moka. Ils l’ont trouvé extrêmement fort et cher. Je me suis contentée d’une limonade en écoutant les paroles chantantes du beau serveur.
Après un passage à Turin et Milan dont je n’ai que de vagues souvenirs, nous avons repris le chemin de retour en empruntant les grandes nationales.

Mais arrivés à Narbonne papa prit la route de Barcelone.
J’ai cette image saisissante de la « Sagrada Familia » au début de sa construction. Malgré son état que je qualifiais de ruine ce bâtiment me saisissait d’un sentiment nouveau. Il y avait là une œuvre en devenir qui me ramenait aux bâtisseurs de cathédrales que j’admirais tant.
L’agitation des Ramblas, l’effervescence du marché couvert la Boquiéra, la vue sur la ville au mont Tibidabo, j’ai été conquise par cette ville catalane.

  La Sagrada familia en 1960     

Nous n’avons plus effectué de si long voyage ensemble, juste une petite incartade au pays basque et jusqu’à San Sébastien. Mes parents voyageaient peu, ils consacraient beaucoup de temps à leur métier.
Les sorties se faisaient lorsque la famille ou des amis venaient nous rendre visite. Je ne les accompagnais pas toujours, lycée oblige.
Mais c’était toujours les mêmes coins, sans pour cela se lasser : Ax les Termes et le col de la Chioula, l’Andorre, Carcassonne, la haute Ariège, ses cols, ses lacs et tous ses jolis villages.
Mes parents disaient « nous habitons une belle région ».
Je ne pouvais m’empêcher de penser « nous habitions une belle région ».

                                                                   A suivre …

                 






    
 








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